A l’heure où nos choix et comportements individuels comme collectifs n’ont jamais été autant questionnés – notamment face aux enjeux du réchauffement climatique -, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à redéfinir leur identité autour d’une éthique qui reflète des objectifs et des valeurs qui leur sont propres ! Rencontre avec Eric Wolff, Directeur de L’Alsacienne de Restauration, une entreprise engagée consciente de son rôle à jouer au sein de son tissu économique.
JVVC : C’est quoi pour vous une entreprise engagée ?
Eric Wolff : C’est une entreprise qui définit une feuille de route conforme à ses valeurs et fait en sorte que ses collaborateurs se l’approprient et la vivent au quotidien.
JVVC : Comment L’Alsacienne de Restauration a-t-elle pris conscience du rôle qu’elle à jouer en tant qu’acteur de son tissu économique ?
Eric Wolff : L’Alsacienne s’est forgée une vision par petits pas, modestement. L’entreprise portait en elle un intérêt pour les enjeux liés à sa responsabilité sociale et sociétale, presque sans le savoir. C’est en 2008, à l’occasion d’un appel d’offres publique contenant une clause d’insertion, que nous avons commencé à interroger nos pratiques. Nous nous sommes alors rendus compte que notre entreprise intégrait déjà avec succès des personnes éloignées de l’emploi ou en situation d’handicap. En parallèle, nous avons été amenés à réaliser un bilan carbone. Une démarche qui a généré un véritable déclic : nous avons pris conscience de l’impact de l’alimentation sur les émissions de gaz à effet de serre et donc de notre rôle à jouer pour faire bouger les choses.
JVVC : Qu’est-ce qui a motivé L’Alsacienne de Restauration à aller plus loin ?
Eric Wolff : Depuis 2010, nous ressentons très fortement et de plus en plus le besoin chez nos clients de connaître la provenance des marchandises et d’être informés quant au contenu de de leurs assiettes. Aussi, nous avons affiné notre définition de ce qu’est un produit local et avons adopté une ligne de conduite en cohérence. Cela s’est notamment traduit par la signature de conventions avec l’OPABA (Organisation Professionnelle de l’Agriculture Biologique en Alsace) en 2010 et avec la chambre d’agriculture en 2015. L’Alsacienne s’est ainsi, et entre autres, engagée à acheter au moins 30% de fruits et légumes issus du territoire alsacien, c-à-d semés, plantés, récoltés et transformés en Alsace.
JVVC : Comment avez-vous concrétisé votre démarche ?
Eric Wolff : En fait, pendant plusieurs années, nos actions ont été menées de manière tout-à-fait spontanée. C’est en concourant pour le label Alsace Excellence qui certifie les entreprises respectant tous les aspects de la RSE (économique, social et environnemental) que nous avons mis à plat nos actions et pratiques pour les ordonner et ainsi formaliser nos engagements. Nous nous sommes alors rendu compte que nous avions déjà une démarche très complète et très engagée, ce qui nous a d’ailleurs permis d’obtenir le label Alsace Excellence du premier coup !
JVVC : Pourquoi est-ce si important d’avoir formalisé ces engagements ?
Eric Wolff : Tout simplement pour avoir un fil conducteur clair que les collaborateurs de l’entreprise peuvent facilement s’approprier. Aujourd’hui, cette ligne de conduite qui s’est concrétisée autour d’une charte de 10 engagements nous permet de marcher à l’unisson. Et je suis convaincu que cette appropriation est notre meilleure clé de réussite !
JVVC : Maintenant que cette charte existe, L’Alsacienne va-t-elle se contenter de s’y tenir ?
Eric Wolff : Certainement pas ! Une entreprise qui développe une vision RSE se remet perpétuellement en question. C’est non seulement une attente de nos clients mais aussi un devoir en tant qu’acteur économique et social qui a un impact sur son environnement. Et puis, je me rends compte que donner du sens fait aujourd’hui partie de l’intérêt que les candidats portent à l’entreprise. Avoir une démarche RSE est un véritable facteur de développement ! Donc pour répondre à votre question, nos dix engagements qui constituent désormais notre ADN ne bougeront pas, mais nous, collaborateurs, feront le nécessaire pour bouger de manière à grandir et évoluer dans le bon sens. Tout en restant bien-sûr fidèles à notre charte et à nos valeurs !
JVVC : Justement avez-vous identifié quels sont les prochains chantiers à mener dans le cadre de votre démarche RSE ?
Eric Wolff : Oui ! En ce moment, notre principale préoccupation est celle de la Qualité de Vie au Travail et ce sera sans doute notre plus gros chantier dans les 10 années à venir. Notre objectif pour 2019-2020 est de rendre les collaborateurs davantage acteurs sur les tâches répétitives et peu qualifiées afin qu’ils se sentent plus engagés. Je ne veux plus que les directives soient subies. L’idée est de sortir du modèle Top Down pour mettre en place un système participatif où chacun a une vision de la finalité de son travail et comprend le sens de sa tâche même si elle demande peu de qualification. L’enjeu est celui de l’épanouissement et du bien-être de chaque collaborateur. Et qui dit travailleur épanoui dit plus d’efficience au sein de l’entreprise ! C’est un rapport gagnant-gagnant. Sinon, nous allons bien évidemment renforcer et multiplier nos actions dans le cadre de notre politique RSE. Entre autres mesures récentes, nous avons supprimé les barquettes en plastique pour adopter des contenants en inox. Notre prochain cheval de bataille est de faire la chasse aux additifs alimentaires. Et en tant qu’acteur majeur de la restauration scolaire en Alsace, nous souhaitons multiplier les actions pour sensibiliser les enfants au bien-manger et à la lutte contre le gaspillage alimentaire.