Vous vous souvenez probablement de ce fameux poisson d’avril où je vous ai fait croire que j’allais défendre l’Alsace… en chanson ! Une émission fictive que j’avais baptisée Régions en scène et pour laquelle j’avais enregistré un clip avec une parodie de la chanson de France Gall « Viens je t’emmène ». À l’époque, je ne me doutais absolument pas que le destin allait me jouer un tour incroyable. A peine quelques jours après avoir diffusé ce canular, la réalité dépassait la fiction. J’étais contactée par la production de M6 pour participer à Ma recette est la meilleure de France. Imaginez ma surprise : c’était comme si l’univers s’était joué de mon poisson d’avril pour qu’au final ce soit moi qui morde à l’hameçon ! Sauf que ce n’est plus en chanson (Dieu soit Loué), mais avec mes ustensiles de cuisine que j’ai l’opportunité de défendre les couleurs et les saveurs de l’Alsace !
Le jour J : une tempête d’émotions
Ma convocation au tournage arrive quasiment à la dernière minute. Car j’ai beaucoup hésité avant de me décide. Entre excitation et appréhension, je choisis malgré tout de foncer. Je sais que cette aventure sera énergivore et chronophage. Mais j’ai une opportunité unique de partager mon amour pour la cuisine alsacienne et je ne compte pas la laisser passer.
Mon plat doit être à la hauteur de ce défi. Aussi, je passe les quelques jours dont je dispose avant l’épreuve pour peaufiner une recette qui me tient particulièrement à cœur : les fleischschnacka, ces escargots de viande emblématiques d’Alsace. Mais comme à mon habitude, je travaille une version inédite. Elle doit refléter parfaitement l’essence de ma démarche, à savoir promouvoir une cuisine alsacienne contemporaine audacieuse et inventive à la fois respectueuse de la tradition et ouvertes sur d’autres cultures et horizons. Je décide donc de faire découvrir au jury une version orientale, une alliance savoureuse entre tradition et innovation qui, je l’espère, captivera leurs papilles. Ce n’est pas seulement une recette, mais une histoire que je souhaite raconter à travers chaque bouchée.
A peine ai-je le temps de réaliser l’aventure qui m’attend, que je me retrouve à Troyes, le lieu du tournage pour la région Grand-Est. Dès que je mets les pieds sur le plateau organisé au sein de la mairie de Troyes, tout devient très concret. Avec ses salles aux dimensions gigantesques, le bâtiment génère à lui seul le sentiment de vivre un moment hors du commun. Je me sens toute petite dans ce décor de cinéma et face à l’agitation qui règne partout. Mes émotions sont décuplées entre excitation, émoi et appréhension. Tout ce que j’ai pu projeter et imaginer se matérialise au-delà de mes fantasmes. Je ne suis plus qu’à quelques heures de rencontrer pour de vrai un jury d’exception : Cyril Lignac, Olivier Nasti, et François-Régis Gaudry.
Sur place, malgré la pression qui monte, j’ai la chance de croiser d’autres candidats avec qui je sympathise immédiatement. Notamment Julie Gri, créatrice de contenus, qui propose au jury une surprenante recette de gaufre à la choucroute. L’ambiance est vraiment chaleureuse. Je ne perçois aucune rivalité. C’est plus un challenge personnel qu’une compétition entre candidats. Je me lie aussi d’amitié avec Jérôme, un Mulhousien adorable, et Eric, un Haut-Rhinois passionné de pâtisserie, fier de sa tarte Linz aux quetsches revisitée.
L’accueil par les équipes de M6 est tout aussi chaleureux. Les membres de la production, ainsi que les équipes de Cyril Lignac, sont incroyablement professionnels et bienveillants. On a beau être dans une compétition, l’atmosphère générale est plus détendue et amicale que ce que j’avais imaginé.
Le face-à-face avec le jury : un moment intense
Quand vient le moment de passer devant le jury, je suis évidemment envahie par le trac. Me retrouver face à Cyril Lignac, François-Régis Gaudry et Olivier Nasti est un mélange d’émotion et de pression. Je sais qu’ils vont scruter chaque détail de mon plat, et je veux plus que tout leur faire vivre une expérience culinaire marquante.
Dès les premiers instants, j’ai le sentiment que la magie opère. La connexion est immédiate. Ils sont à l’évidence très curieux de découvrir mon plat. C’est l’avis de François-Régis Gaudry que je redoute le plus. Sans doute parce que j’admire beaucoup ce journaliste et critique gastronomique dont j’ai pu appréhender la précision des analyses et la grande exigence sur certaines épreuves de Top Chef. Aussi, quand il déguste mon plat et en complimente l’intelligence et l’efficacité, avec manifestement un réel plaisir à en déguster chaque bouchée, je suis aux anges. « Tu as placé la barre très haut. » Ces mots me touchent tellement. Pour quelqu’un doté d’un palais aussi affûté que le sien, c’est le plus beau des encouragements.
Cyril Lignac, quant à lui, semble ravi de découvrir cette recette alsacienne qu’il ne connaissait absolument pas Je n’oublierai jamais son regard curieux et intrigué. Et surtout le fait de lui avoir donné envie de reproduire ce plat chez lui. il émet une petite critique sur le dessin de l’escargot qui n’est pas assez visible à son goût. Mais pour moi, le visuel était le fruit inévitable d’un compromis. J’ai choisi d’étaler la pâte finement pour un rendu gastronomique, atout qui a d’ailleurs été souligné par le jury. Or avec une pâte aussi fine et après la double cuisson des fleischschnacka, poêlés d’abord puis dans immergés pendant plus de 20 mn dans le bouillon, conserver parfaitement le motif est quasiment mission impossible. Dans l’ensemble, mon plat a reçu bien plus de louanges que d’avis négatifs. Et l’enthousiasme de François-Régis Gaudry, qui a été dithyrambique quant aux qualités de ma recette, m’a beaucoup touchée. Je sors de cette étape avec une immense fierté. Mon plat a enchanté le jury, et c’est tout ce qui compte ! Que je sois retenue ou non pour l’étape suivante. Et puis quoiqu’il en soit, je repars avec un selfie avec Cyril Lignac et je n’en suis pas peu fière !!!
Sélectionnée pour l’étape suivante
En rentrant de Troyes, je reçois un appel en Visio d’Olivier Nasti. Je comprends d’emblée que mon plat est sélectionné pour l’étape suivante : les duels à Paris ! C’est un moment de pure joie ! Déjà une belle récompense pour les efforts investis afin de parfaire ma recette et de convaincre ce jury d’exception. Mais l’euphorie passée, je prends vite conscience que la prochaine épreuve ne sera pas du gâteau. Enfin en tout cas pas pour moi !
L’étape des duels a eu lieu un peu moins d’un mois plus tard, ce qui me laisse le temps de pousser plus loin la réflexion sur mon plat. Je décide d’aller à l’essentiel en me concentrant sur 4 éléments : le fleischschnacka, la mousseline de carottes, le condiment datte gingembre et le jus corsé.
La remarque concernant le motif de l’escargot me hante toutefois. Comment résoudre l’équation impossible : réaliser une pâte fine agréable en bouche mais suffisamment visible toutefois ? A force de me triturer les méninges, l’idée de colorer la pâte de mes fleiscschnacka finit par s’imposer comme une évidence. Mais ce ne sera de loin pas le défi le plus délicat. La production m’annonce la durée de l’épreuve une dizaine de jours avant le Jour J. Autant vous dire que c’est le branle-bas de combat dans ma tête et dans ma cuisine. Heureusement, j’ai la chance d’avoir le soutien de mon coach à vie Matthieu Koenig, qui a été mon mentor dans le concours chefs à bords de la chaîne télévisée Alsace 20 que j’ai remporté il y a dix ans. Et quelques échanges avec lui au téléphone, me permettent d’y voir plus clair dans ma manière d’aborder l’épreuve et de valider mes partis-pris culinaires. Encore un grand merci à lui pour son soutien toujours aussi pertinent et précieux.
Ma recette nécessite beaucoup d’étapes et de réalisations différentes : il faut cuisiner un bouillon, faire un jus, préparer la farce, faire la pâte, rouler les escargots, les trancher, les poêler, les faire cuire dans le bouillon, préparer la mousseline de carottes, mixer le condiment de dattes, réaliser la sauce, vérifier tous les assaisonnements… Un vrai défi ! Il me faut revoir très précisément ma stratégie globale et l’ordre de chacun de mes gestes pour optimiser au maximum les temps de préparation.
Après avoir peaufiné ma recette avec minutie et notamment testé et validé le changement de couleur pour la pâte, je m’entraîne maintes fois dans les conditions de l’épreuve avec un chrono d’1h30 pour faire tenir la réalisation de ma recette dans le timing de l’épreuve. C’est jouable mais tendu !
Le duel à Paris : une épreuve sous pression
Le jour du duel, la pression est à son comble. La compétition devient plus tangible. Et stressante ! Surtout quand j’apprends que mon adversaire sera Eric, un candidat que j’apprécie beaucoup.
Nous avons à peine le temps de prendre nos marques sur le plateau que le chrono est déjà lancé pour marquer le début de l’épreuve. Je devrais être rassurée, car je me suis entraînée et je sais qu’en cuisinant à un rythme soutenu je suis en mesure de sortir mon plat dans le temps imparti. Mais entre travailler dans sa propre cuisine avec un matériel qu’on connaît sur le bout des doigts et devoir naviguer quasiment à l’aveugle dans un espace dont on n’est pas familier et avec des outils qu’on ne maitrise pas, il y a tout un monde.
Je passe la 5ème direct et me mets à courir un peu dans tous les sens. Je dois lancer quasiment toutes les préparations en même temps si je ne veux pas me retrouver avec une assiette vide à présenter au jury. Aussi, quand Stéphanie Le Quellec, et François-Régis Gaudry, viennent m’interroger en pleine préparation, je ne pense qu’à une chose, qu’ils repartent vite pour qui je puisse me concentrer sur mon boulot. D’ailleurs, si vous avez regardé l’émission ou si vous visionnez le replay, on voit bien que je suis en pleine agitation pendant leur passage. C’est à peine si je leur accorde un regard.
De plus, l’intervention de Stéphanie Le Quellec n’est pas vraiment faite pour me rassurer. C’est une séquence qui n’a pas été gardée au montage mais elle exprime clairement son scepticisme quant à ma capacité à finir dans les temps. C’est énormément d’étapes selon elle et un sacré défi que je me suis lancé là. Je ne vais pas mentir : à ce moment-là, je me laisse aussi envahir par le doute.. Mais je refuse d’abandonner. Je cours partout, enchaînant les étapes, ajustant les assaisonnements, tout en gardant un brin d’humour pour relâcher la pression. La production ne s’est d’ailleurs pas privée de garder quelques séquences de mes pitreries pour l’émission. Un peu de légèreté dans une situation où la pression est à son maximum, ça ne fait jamais de mal !
Ma plus grande crainte dans ce duel est de ne pas réussir à garder le contrôle sur toutes les étapes. Réaliser un fleischschnacka demande de la précision : la pâte doit être fine, la farce savoureuse, et le tout doit être poêlé avant de cuire dans un bouillon. Ajoutez à cela la préparation d’une mousseline de carottes onctueuse, un condiment datte-gingembre pour apporter une touche sucrée-salée, et un jus corsé qui doit lier tous les éléments du plat. Tout s’enchaîne à une vitesse folle. À certains moments, je regarde le chrono et ressens une vague de panique. Il me reste encore tant à faire ! Mais je reste concentrée tout au long de l’épreuve avec mon seul objectif en tête : régaler et enchanter le jury. Je ne pense même pas à la compétition.
Quand la sonnerie retentit pour marquer la fin de l’épreuve, c’est un mélange de soulagement et d’incertitude. Mes assiettes sont prêtes, joliment dressées, et je sais que j’ai fait de mon mieux. J’ai goûté et re-goûté le jus, je l’ai rectifié encore et encore jusqu’à ce qu’il soit parfait à mon goût. Les fleischschnacka ont une belle tenue et les autres éléments sont en place. Je suis tout simplement fière ! Et j’ai hâte de faire déguster mon plat au jury.
La dégustation : entre doutes et compliments
Quand vient le moment d’emmener mon plat devant le jury, je suis envahie par l’appréhension. Mon cœur bat la chamade, mais je suis prête à recevoir leurs critiques, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. À ma grande surprise, la première réaction de la cheffe Stéphanie Le Quellec est très positive. Elle complimente le visuel, saluant le soin que j’ai apporté au dressage, un aspect que je sais essentiel dans ce type de compétition.
Puis vient la dégustation. François-Régis Gaudry, fidèle à lui-même, prend le temps de goûter chaque élément avec attention. Ce qu’il dit ensuite me touche profondément : il est impressionné par l’évolution de mon plat. Il note à quel point j’ai su écouter les conseils donnés lors de la première étape, et il salue mon travail pour affiner ma recette qui telle qu’elle est présentée va au-delà de ses attentes. C’est un vrai soulagement ! Stéphanie Le Quellec quant à elle, me complimente pour ma sauce et salue la précision de mes assaisonnements. Je trépigne de joie à l’intérieur de moi. Une cheffe étoilée de son étoffe qui apprécie une sauce que j’ai réalisée minute en ajustant les assaisonnements en live sous la pression du concours et des caméras. Waouw je crois que c’est le plus beau jour de ma vie.
Le verdict : un duel très serré
Après la dégustation, l’attente commence. Et elle est interminable ! Eric et moi sommes convoqués pour connaître le verdict, mais ce qu’on ne voit pas à l’écran, c’est que devons patienter plus de 20 minutes en coulisses. Ces minutes semblent durer une éternité. On nous annonce que le jury peine à se prononcer.
Enfin le moment fatidique arrive. Le jury nous rappelle les points forts de chaque recette et nous confient leur extrême difficulté à nous départager. Ils nous expliquent avoir même demandé à la production de nous garder tous les deux dans la compétition. Une faveur qui leur a malheureusement été refusée. La production veut un seul gagnant, et il faut trancher.
Le verdict tombe, c’est la tarte Linz d’Eric qui remporte la victoire. Bien sûr, il y a un moment de déception pour moi. Mais en même temps, je suis heureuse pour Eric. Il a lui aussi travaillé sans relâche pour perfectionner sa recette, et il mérite pleinement cette reconnaissance. Et puis, c’est lui qui part défendre l’Alsace en finale avec sa tarte Linz. Ce qui signifie, étant donné la difficulté du jury à nous départager, que ça s’est joué à un cheveu pour moi !
En repartant de Paris, je n’ai aucun regret. Je suis fière du chemin parcouru et des retours incroyablement positifs que j’ai reçus. Mon plus grand accomplissement n’est pas tant d’avoir gagné ou perdu, mais d’avoir pu présenter ma cuisine à des chefs et critiques que j’admire tant. Et puis, il y a ce petit rêve secret que je garde en moi : prendre un jour la relève de Mercotte dans Le Meilleur Pâtissier aux côtés de Cyril Lignac. Dans tous les cas, je pense avoir démontré mes aptitudes culinaires. Et puis je commence à atteindre un âge absolument crédible pour prétendre à cette succession ! Bon, Cyril par contre, si tu pouvais ne pas trop tarder, ce serait pas mal quand même de me faire signe avant que mes cheveux soient tous blancs et que je perde toutes mes dents..
En attendant de me voir crever l’écran sur M6 aux côtés de Cyril et faire trembler les candidats sur des épreuves de pâtisserie millimétrées, vous pouvez dès maintenant visionner ma participation à l’émission Ma recette est la meilleure de France sur le replay de M6. C’est juste par ici : https://www.6play.fr/ma-recette-est-la-meilleure-de-france-p_26230/j2-grand-est-c_13090821 !
Félicitations pour votre passage à la télé et la jolie recette aux accents alsaciens. Bonne journée
Bonjour Leila
Je tiens à te féliciter de ma part et de celle de mes filles Florence et Cybèle, et de mes sœurs Daniele et Françoise, pour tes succès culinaires franco marocains et te souhaitons de tout cœur de gagner le Prix de nos régions ! BRAVO ET VIVE LEILA
Merveilleuses recettes, avec ce mélange alsacien et marocain que du bonheur.
Mille fois bravo
Quelle fierté que la richesse culinaire de l’Alsace ait été aussi bien représentée avec ce plat emblématique pour les Alsaciens mais peu connu du grand public… si joliment revisité avec ce mélange des cultures et cette belle modernité !
La grande classe, bravo Leïla !