Vin d’Alsace : comment bien choisir ? Quels écueils éviter ?

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi le choix du vin est toujours un casse-tête. Quand on n’est pas calé sur le sujet, on peut vite se sentir perdu(e) dans les vastes linéaires des supermarchés ou chez le caviste. Peut-on se fier aux mentions sur l’étiquette ? Y a-t-il quelques principes utiles à connaître pour guider nos choix ?  Nicolas Haeffelin, œnologue chez Arthur Metz, a accepté de se faire cuisiner et de partager avec nous tous ses bons conseils pour bien choisir son vin d’Alsace. Portrait de Nicolas Haeffelin, oenologue chez Arthur Metz

Peut-on bien choisir son vin d’Alsace si on n’est pas un spécialiste, voire si on ne connaît pas grand-chose au monde vinicole ?

Nicolas Haeffelin : Le monde du vin peut sembler savant voire inaccessible de prime abord. Mais, je pense qu’il faut arrêter d’en avoir une approche trop intellectuelle. Après tout, les professionnels sont là pour aider le consommateur à choisir. Il ne faut pas hésiter à solliciter le caviste ou la personne présente dans le rayon du supermarché pour se faire aiguiller et bénéficier d’un conseil avisé. C’est sans doute le premier bon réflexe à adopter pour bien choisir son vin. Ensuite, les étiquettes et contre-étiquettes nous délivrent un certain nombre d’informations utiles. Il faut juste se familiariser avec ces mentions pour savoir ce qu’elles nous disent du vin.

Comment bien choisir son vin chez le caviste ou en supermarché

Y a-t-il des pièges ou des écueils à éviter pour ne pas se tromper de bouteille ?

N.H.: Je dirais qu’il faut se méfier de l’achat impulsif. On peut se laisser séduire par un joli flacon. Or, ce n’est pas parce que l’étiquette est belle, que le nectar est bon. Et inversement, il peut y avoir un vin délicieux derrière une étiquette ultra moche. De même, je dirais que trop de médailles tue la médaille. Pour ma part, si je vois une bouteille qui arbore trop de titres, j’ai tendance à me méfier. Est-ce un vin qui a des défauts à se faire pardonner ou qui a besoin d’un coup de pouce pour être écoulé ? Les apparences peuvent être trompeuses ! Idem pour le prix. On pourrait penser que plus on paie le prix fort, plus on a de chances de choisir un bon vin. Mais là aussi, il n’y a pas de règle. Je suis souvent le premier étonné de constater lors de dégustations à l’aveugle que des vins à moins de 5 € la bouteille peuvent largement surpasser des vins proposés à 25€ la bouteille.

As-tu quelques astuces secrètes à partager avec nous ?

N.H.: Oui, je pense à un truc tout bête. En rayon, je regarde toujours la poussière sur les bouteilles. Si elles ont accumulé trop de poussière, c’est qu’elles ne se vendent pas. Et si un vin ne s’écoule pas, il y a des chances qu’il ne soit pas terrible. Autre détail qui ne m’échappe pas, l’endroit où sont stockées les bouteilles. Par exemple, je n’achèterai jamais une bouteille abandonnée en haut d’une étagère. Car la lumière a un effet destructeur sur le vin et rend sa conservation chaotique.

Quelle est la première indication à prendre en compte sur une étiquette ?

N.H.: En tout premier lieu, il y a la strate d’AOP à laquelle appartient le vin.  En Alsace, nous en avons trois :

  • Le Crémant,
  • Les vins tranquilles (non effervescents) soit en AOP Alsace, soit en AOP Alsace Grand Cru,
  • Les vendanges tardives et grains nobles.

1/Pour le Crémant, impossible de se tromper, on est en face d’un vin effervescent d’Alsace. 2/ Les AOP Alsace sont des vins sur le fruit et la fraîcheur, parfaits pour une consommation rapide, idéalement dans les 2 à 3 ans. Ce sont des vins faciles à apprécier, qui expriment surtout la typicité de leur cépage. Les AOP Alsace Grand Cru sont des vins de facture plus complexe qui se bonifient avec le temps. En plus du cépage, on trouve sur l’étiquette le nom du Grand Cru dont il est issu. On cherche pour ces vins l’expression d’un sol, d’un terroir. Sur les étiquettes des grands crus Arthur Metz, on explique le type de sol sur lequel les vignes sont travaillées. Un sol argileux donnera des vins très riches. Alors qu’un sol calcaire donne des vins plus incisifs, davantage sur la fraîcheur avec des notes d’agrumes et de fleurs blanches. Les AOP Alsace Grand Cru du fait de leur complexité ont un potentiel de garde très intéressant. Ils seront bons à consommer de suite mais on peut aussi les faire vieillir. Et on a même tout intérêt à le faire. 3/ Les vendanges tardives et sélections de grains nobles sont des vins de fête à boire de suite ou à garder pour les faire vieillir.   Vin d'Alsace, comment bien choisir : ce que nous disent les étiquettes

Quelle indication nous fournit le millésime, et comment choisir le bon ?

N.H.: En fait, le millésime va surtout nous aider à savoir si le vin a un potentiel de garde ou s’il est préférable de le consommer de suite. Les météos propices donnent des vins plus structurés, plus complexes donc davantage susceptibles de se bonifier en vieillissant. En gros, si vous vous souvenez qu’il y a deux ou trois ans, vous avez passé un merveilleux été et que votre bronzage était au top, vous pouvez être certain que le millésime a été magnifique. Au contraire si vous gardez le souvenir d’une météo toute pourrie, le millésime n’a pas été terrible. Et puis, si l’année est trop lointaine pour vous rappeler de la météo ou de votre bronzage, la seule solution est de faire un petit tour sur vinsalsace.com ou d’autres sites Internet pour vérifier. Même pour nous œnologues, qui avons cette culture du millésime, c’est notre premier réflexe.

Au contraire est-ce qu’il y a des mentions sur lesquelles il n’est pas très utile de s’attarder pour choisir son vin d’Alsace ?

N.H. Pendant longtemps, on pensait que la teneur en alcool était importante pour juger de la qualité d’un vin. Or ce n’est absolument pas un critère. Un vin avec une faible teneur en alcool peut être excellent. Et inversement, une teneur en alcool élevée ne présage en aucun cas d’une dégustation satisfaisante. De même s’il y a des décennies, la mention mis en bouteille au domaine ou à la propriété offrait une certaine garantie quant à la préservation de l’intégrité du vin lors de cette étape, aujourd’hui on sait transporter un vin sans qu’il n’entre en contact avec le moindre oxygène et donc sans qu’il ne souffre d’aucune altération. Ce n’est donc plus une mention décisive pour arrêter son choix sur un vin.  Et d’ailleurs, elle n’est pas obligatoire sur l’étiquette.   Bien choisir son
vin : comment lire une étiquette  

Quels sont les principaux cépages en Alsace et que nous disent-ils du vin ?

N.H.: Le cépage est la variété de vigne qui donne au raisin et donc au vin sa spécificité. Chaque plant de vigne se distingue selon le cépage par son feuillage, l’aspect de ses grappes ou encore la teneur en sucre de ses raisins. Les composants aromatiques, l’acidité ou encore la taille des raisins donnent au vin ses caractéristiques aromatiques. En Alsace, il est assez simple de s’y retrouver et de savoir quel type de nectar se cache dans chaque bouteille de vin d’Alsace, car on est sur des mono-cépages. Ainsi, on sait qu’avec le Sylvaner, on sera plutôt sur un vin désaltérant avec des notes d’agrumes, de fleurs blanches et de pommes. Le Pinot blanc est un vin sur la délicatesse qui offre des notes de pêche, de pommes et des pointes florales. Avec le Riesling, on est sur un vin minéral qui se caractérise par son élégance et sa subtilité et qui exprime des arômes de citron, de réglisse, de tilleul… Le Muscat est un vin sur le croquant avec des arômes muscatés, mentholés, de fleur d’oranger. Avec le Pinot Gris, on choisit un vin noble d’une certaine complexité qui révèle des notes fumées, de fruits secs, et d’épices. Le Gewurztraminer est quant à lui un vin sur l’intensité, la rondeur et la complexité. Outre sa sucrosité, ce sont ses parfums de fleurs (rose, acacia), épices, fruits exotiques et miel qui le caractérisent. Enfin, le Pinot Noir le seul vin d’Alsace rouge est un vin fruité, léger et élégant qui exprime surtout des notes de fruits rouges (cerise, framboise, mûre).

Vin d'Alsace : cépages

Quelles sont les grandes règles pour faire des accords mets et vins qui tiennent la route ?

N.H.: L’idée est de faire des mariages uniformes pour que les saveurs se complètent. Le vin ne doit pas venir écraser le mets et inversement. C’est la raison pour laquelle on va généralement accorder des structures équivalentes. Exemple : on ne servira jamais un Gewurztraminer sur des huîtres. Le Gewurztraminer, qui est un vin très riche avec plus ou moins de sucrosité ne fera pas bon ménage avec le côté iodé et délicat de l’huître. Le vin doit venir souligner le mets, pas le noyer. Pour accompagner l’huître, on choisira plutôt un Sylvaner ou un Riesling, dont les notes zestées, citronnées et minérales viendront compléter à merveille la saveur délicate et saline de l’huître. De même, on ne s’orientera pas sur un riesling ou un pinot blanc pour tenir compagnie à un civet. Il faudra assurément un vin plus riche, plus charpenté pour tenir tête à ce plat au fort tempérament. Un blanc minéral disparaîtrait complètement.

On choisit un vin en fonction d’un menu mais finalement le moment qu’il va accompagner n’est-il pas le critère principal ?

N.H : Absolument. L’occasion est déterminante. On ne se dirigera pas vers le même vin d’Alsace selon qu’on prévoit de le déguster lors d’un repas de tous les jours, le week-end quand on reçoit du monde à la maison ou lors d’un événement festif. Chez Arthur Metz, on a d’ailleurs choisi de créer des strates de vin et de les indiquer sur nos contre-étiquettes pour offrir des repères au consommateur. La gamme classique réunit des vins AOP simples, faciles à consommer, plutôt rafraîchissants. Ils sont parfaits pour une consommation de tous les jours. La gamme Vieilles Vignes rassemble quant à elle des vins de facture plus importante avec davantage de richesse, de structure et de complexité. Ces vins seront plus appropriés pour la cuisine du week-end ou pour accompagner des plats mitonnés. Pour les événements qui ont une connotation festive, on ira plus volontiers sur un AOP Alsace grand cru.

vins d'Alsace : choisir en fonction de l'occasion

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