Galettes vegan de choucroute, légumes et lentilles

L’année 2019 s’ouvre à nous comme une nouvelle page à écrire. C’est le moment des vœux et des bonnes résolutions. Aussi, je vous souhaite du fond du cœur une délicieuse année riche de tous les ingrédients qui participent au bonheur : la santé, l’amour, les joies du partage, de belles tablées, un plein épanouissement au travail, des rêves à concrétiser, un zeste de fantaisie et un brin d’audace pour oser oser, des découvertes et des apprentissages, le courage de tourner certaines pages, ce qu’il faut de sérénité pour vivre pleinement chaque jour et aller de l’avant sans avoir peur du lendemain. Avancer sereinement sans avoir peur du lendemain ? L’avenir n’a jamais été dépeint de manière aussi sombre, me direz-vous. Et vous avez raison, il suffit d’ouvrir les journaux, d’allumer la télé, de jeter un œil sur son fil d’actu facebook pour être entraîné dans un flux d’informations plus anxiogènes les unes que les autres. Notre jolie planète commence à se dérégler sérieusement et cette triste réalité n’échappe plus à personne. Nous subissons de plein fouet les conséquences des émissions de gaz à effet de serre, dont on savait déjà il y a des décennies, leur rôle dans la formation de trous dans la couche d’ozone. Je me souviens justement avoir rédigé, il y a 30 ans, un exposé pour un devoir au collège sur les effets délétères de la pollution et la menace du réchauffement climatique. Les scientifiques tiraient déjà très sérieusement la sonnette d’alarme avec des prédictions effrayantes pour notre avenir. Mais personne n’a voulu y prêter sérieusement attention, mis à part une poignée d’écolos, souvent considérés comme des illuminés ou des hérétiques. La société consumériste a donc continué à nous mener bon train et tout droit… dans le mur. Entre autres faits et chiffres alarmants, on parle aujourd’hui d’une extinction massive de la biodiversité comme il n’y en a pas eu depuis la disparition des dinosaures : 60 % des animaux vertébrés ont disparu ces 40 dernières années, 80% des insectes volants en Europe et 30% des oiseaux. S’il est difficile de jauger l’ampleur des dégâts pour les animaux vertébrés, surtout quand on vit en ville, pour les insectes, c’est absolument frappant. Et je pense que les personnes nées comme moi dans les années 70 n’iront pas à l’encontre de ce constat.

Vous souvenez-vous des trajets en voiture quand vous étiez enfant ou ado ? Les essuie-glaces à cette époque ne servaient pas qu’en temps de pluie. Ils étaient aussi indispensables pour évacuer les moucherons et moustiques qui ne manquaient pas de venir s’écraser régulièrement sur le pare-brise et brouiller la vue du conducteur. Aujourd’hui, ce désagrément appartient bel et bien au passé. Et, je mesure à quel point c’est un drame. Je crois que j’ai longtemps fait partie (sans me l’avouer) de l’espèce aujourd’hui décriée des climato-sceptiques. J’ai du moins trouvé un réel bénéfice à jouer la politique de l’autruche. Car j’étais, bien-entendu, informée comme tout le monde, de ce qui nous pendait au bout du nez. A ma décharge, nous avons été nombreux, très nombreux à participer à ce jeu de dupes, à vivre dans une société potentiellement ultra-dangereuse et à profiter néanmoins allègrement (et docilement) des commodités qu’elle nous offrait. Maintenant qu’il n’y a plus l’once de millimètre de place pour le doute, je ne peux plus me réfugier dans la douceur ouatée de mon petit confort personnel. Les multiples scénarios échafaudés par les scientifiques annoncent une accélération soudaine et affolante des catastrophes naturelles dues au réchauffement climatique. A faire froid dans le dos ! Finis les balivernes, les petits mensonges qu’on se chuchote en boucle pour bercer son fort (faible ?) intérieur et s’offrir le luxe de ne pas regarder la réalité en face. Nous voilà au pied du mur. Winter Summer is coming.

De l’avis des experts, l’effondrement – ce que ce mot fout les jetons !- aurait déjà commencé. Et si la terre ne change pas radicalement sa manière de tourner, nous nous préparons à vivre des temps très difficiles. Non pas dans 100 ans, ni même 50, mais dans la décennie voire dans les années à venir. Triste et amer constat. Je nage dans un sombre et inquiétant cauchemar. Un mauvais rêve que je ne peux pas évacuer au petit matin pour reprendre le cours insouciant de mon existence. L’idée noire de faire partie des générations meurtrières qui ont bousillé la planète et l’avenir de leur propre descendance me hante. J’ai passé quelques nuits blanches et versé bien des larmes avant d’admettre l’inadmissible. Impossible aujourd’hui me dédouaner de ma part de responsabilité dans l’auto-destruction massive qui laissera à mes enfants une planète exsangue et probablement inhabitable, si on ne met pas un terme au mythe d’une croissance exponentielle et sans limite, à cette utopie qu’il faudrait toujours plus à l’être humain, à la folie de confondre  bonheur et consumérisme. Une prise de conscience douloureuse (que je dois en bonne partie à mon beau-frère Jean-Christophe Anna)

Que faire maintenant ? Les postures sont multiples. Il y a ceux qui n’ont sans doute pas encore pris la mesure de la gravité de notre situation et poursuivent donc le fil de leur existence dans une certaine insouciance. Il y a ceux, les plus conscients peut-être, qui en sont venus à rejeter tout ce que notre société de consommation a généré.  Ils boycottent les produits industriels, deviennent vegan, ne prennent plus l’avion, troquent leur voiture contre une bicyclette, prônent un mode de vie frugal… Les plus pessimistes sont quant à eux dans l’extrême inverse. Convaincus que nous avons atteint le point de non-retour, il est trop tard selon eux pour entreprendre quoi que ce soit. Alors foutu pour foutu, autant profiter à fond de chaque jour sans se poser de question. « Mangeons et buvons, car demain nous mourrons… ». Il y a aussi bien-sûr, toute une frange de la population qui a bien d’autres choses à faire que de penser à demain. Quand le quotidien est une lutte contre la précarité et d’ores et déjà un combat ardu pour la survie, quelle autre option que celle de vivre au jour le jour ? Et puis, il y a les sentinelles, ceux qui font le guet et alertent des dangers. Ceux qui prennent leur bâton de pèlerin, s’engagent et tentent de mobiliser les bonnes volontés à leur suite. Déterminés à concrétiser d’autres façons de vivre ensemble dans le respect de la planète et de ses ressources, ils débroussaillent, déminent, explorent des chemins de traverse, tracent des tentatives d’échappatoires. Ils font poindre à l’horizon de nos lendemains obscurcis, une lueur d’espoir, la perspective sinon d’une issue heureuse, celle d’une chute adoucie. Des milliers d’initiatives bonnes pour notre société comme pour notre environnement ont d’ores et déjà fleuri à travers le monde : des potagers en plein cœur des villes avec pour objectif l’auto-suffisance alimentaire, la création de monnaies locales qui permettent de privilégier les circuits courts, la création de systèmes éducatifs performants qui développent le plein potentiel de chaque individu tout en encourageant la solidarité et l’entraide, des initiatives zéro déchets à l’échelle d’une cité… L’excellent film Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent (à voir et à revoir) met en exergue nombre de ces initiatives inspirantes qui font germer de lumineuses graines d’espoir. Et cela fait du bien !

Pour ma part, alors que j’ai intégré l’insoutenable vérité (le réel péril pour notre monde et ma part de responsabilité), je refuse l’option suicidaire qui consisterait à assister les bras ballants à l’agonie de notre civilisation.  Si on a un tant soit peu foi en l’humanité, ce n’est certainement pas le moment de lui tourner le dos ! Ce serait comme capituler devant une maladie grave sans initier la moindre tentative thérapeutique. Ou regarder sa maison brûler sans bouger le petit doigt, avec pourtant à portée de soi l’eau nécessaire pour dominer le feu. J’ai la naïveté de croire que l’homme a le potentiel de se sortir du pétrin dans lequel il s’est fourré. Si l’ingéniosité qui le mène aujourd’hui à sa perte était exclusivement mise au service de sa survie, il pourrait sinon sauver notre monde du déclin annoncé, au moins amortir la chute.

Comme dirait Dorian Nieto, mais pourquoi est-ce que je vous raconte ça ? Parce qu’un des principaux leviers pour changer le monde, est, j’en suis intimement convaincue, de commencer par changer notre manière de manger. Au registre des bonnes résolutions en ce début d’année, il y a donc plus que jamais pour moi, celle de passer au peigne fin mes choix alimentaires pour rectifier le tir quand nécessaire et tendre vers une consommation plus pertinente, davantage en cohérence avec les enjeux et impératifs  de notre temps. Plus que jamais en 2019, je souhaite que ma table soit un lieu d’amour, d’harmonie et de joie, où les nourritures physiques ne viennent en rien gâcher le bonheur sain et serein d’être et d’être ensemble (nous sommes ce que nous mangeons et peut-être ce avec qui nous mangeons). Je veux plus que jamais éviter le gaspillage alimentaire, me tourner vers les produits de nos artisans et producteurs locaux et les consommer dans leur saisonnalité. Je veux plus que jamais être exigeante, privilégier la qualité à la quantité. Je sais les ravages que font l’élevage et la pêche industriels. Aussi, je veux réduire la consommation de viande et de poisson pour ma famille et cuisiner des alternatives végétales ou végétariennes saines et savoureuses. Plus que jamais en 2019, je souhaite que mon blog soit une source d’inspiration pour toutes celles et ceux qui ont envie d’une alimentation respectueuse de soi et de l’environnement. Plus que jamais, je veux faire ma part de colibri.

Elle sera forcément insuffisante, insignifiante, aussi infime qu’une particule à l’échelle d’un atome. Mais elle n’en sera pas moins nécessaire. Pour ma première recette de l’année (oui je sais j’ai beaucoup tardé mais je vais faire mon possible pour être à nouveau plus assidue), j’ai choisi d’entrer en résonance avec mon voeu de vous proposer sur ce blog encore plus de saveurs aussi bonnes pour la santé que pour notre environnement. Voici donc des galettes végétales riches en protéines, en vitamines et en goût, extraites de mon livre L’Alsace enchantée de Leïla Martin (dont 50% des recettes sont d’ailleurs végétariennes) pour, je l’espère, commencer l’année du bon pied ! Ces galettes végé sont à déguster telles quelles, accompagnées d’une salade mais vous pouvez tout aussi bien les utiliser pour garnir des hamburgers. J’espère qu’elles seront une délicieuse source d’inspiration gourmande. Comme un prélude à de nouvelles envies partagées de prendre le plus grand soin du contenu de nos assiettes pour notre bien commun. Pour notre santé. Pour la santé de notre planète. Pour le goût… d’un monde meilleur. recettes de galettes vegan de choucroute, lentilles et légumes

Galettes végé de légumes, lentilles et choucroute aux épices

J’ai longtemps pensé à mettre au point une recette de galette à la choucroute 100% végétale, mais j’avais beau me creuser la tête, je ne voyais pas comment me passer d’oeuf. J’ai fini par me lancer, un peu à l’aveuglette. Et Eurêka, la solution s’est imposée toute seule en court de route ! Je suis donc particulièrement fière de ces délicieuses galettes, qui accompagnées d’une salade font un plat complet, riche en protéine, sans lactose, sans gluten et vegan. Et donc compatible avec un grand nombre de régimes alimentaires !

  • 2 grosses carottes
  • 1 blanc de poireau
  • 150 g de lentilles vertes
  • 150 g de choucroute crue essorée
  • 100 g de flocons d’avoine
  • 3 c à s de persil haché
  • 4 c à s de lait végétal (amandes, coco ou soja)
  • 1 oignon
  • 1 gousse d’ail
  • 2 c à c de cumin en poudre
  • sel (poivre)
  • huile d’olive
  1. Faites cuire les lentilles dans un grand volume d’eau salée selon les instructions indiquées sur le paquet. Egouttez et réservez.
  2. Râpez les carottes à la grosse râpe et hachez-les grossièrement au couteau. Pressez la choucroute fortement au-dessus de l’évier pour en extraire le jus et hachez-la grossièrement au couteau.
  3. Ciselez l’oignon, hachez l’ail, découpez le blanc de poireau en lanières dans le sens de la longueur, puis émincez-le finement.
  4. Faites suer le tout dans une poêle avec un filet d’huile d’olive pendant 5 minutes tout en remuant régulièrement. Ajoutez les carottes hachées. Salez et poivrez. Poursuivez la cuisson pendant 10 minutes tout en surveillant de près et en remuant. Au besoin, ajoutez un petit peu d’eau.
  5. Ajoutez les lentilles et la choucroute crue. Mélangez et laissez cuire encore 5 minutes. Incorporez les flocons d’avoine, le persil et le cumin en poudre. Goûtez pour rectifier l’assaisonnement (sel, poivre). Laissez refroidir.
  6. Mixez finement la moitié de la préparation avec le lait végétal. Incorporez la préparation non-mixée à la préparation mixée. Mélangez-bien de manière à obtenir une masse homogène.
  7. Formez des boules de la taille d’un œuf dans la main. (Si l’appareil est trop collant, n’hésitez pas à ajouter des flocons d’avoine.) Aplatissez-les et découpez à l’aide d’un emporte-pièce pour obtenir des galettes bien régulières.
  8. Faites cuire les galettes 5 minutes sur chaque face dans une poêle où vous aurez préalablement fait chauffer un filet d’huile d’olive. Servez de suite avec une bonne salade verte.

Mon conseil : si vous préparez ces galettes à l’avance, conservez-les au réfrigérateur. Avant le service, passez-les au four (5-6 minutes à 210°C) afin de leur rendre leur croustillant.

13 réflexions sur “Galettes vegan de choucroute, légumes et lentilles”

  1. Excellente nouvelle..végétarienne depuis quelques années je suis impatiente de découvrir vos recettes à venir..je suis fan…c était + axé sur les pâtisseries…Et de savoir que je vais pouvoir aussi tester de nouvelles recettes vegan me ravie…bonne continuation.cdlt.Sonia

  2. Excellente recette !
    J’en ai fait mon plat de fête le 24 décembre dernier.
    Merci Leila pour le clin d’oeil et Bravo pour ta prise de conscience et tes bonnes résolutions qui vont en inspirer plus d’un·e.
    Bienvenue dans l’univers des colibris, des citoyen·ne·s engagé·e·s qui montrent l’exemple !
    Gros bisous

  3. Bonne année à toi aussi.j adore te lire. Je suis végétarienne depuis 38 ans et je m’en porte très bien.
    Je ne supporte pas l.idee quenl.on tue des animaux pour me nourrir, j ai toujours été outrée par cette idée.
    Heureusement nous sommes de plus en plus nombreux. Ta recette est une merveille, je vais la faire c est certain. Bon week-end à bientôt.

  4. Bonjour leïla,
    Testée ce jour, tout le monde à bien aimé (J’ai juste remplacé les flocons d’avoine par ceux d’épautre )
    Et dire que j’ai passé 35 ans à détester les lentilles !
    Par contre on doit de gros gourmands ici, je n’ai obtenu qu’une dizaine de galettes

  5. Jean-Michel 71

    Bonjour,
    Galettes réalisées hier pour ma petite fille. Elle les a appréciées, surtout quand elle les a soulignées d’un trait de coulis de tomates.
    Recette à refaire, m’a-t-elle dit.
    Jean-Michel 71

  6. Chantal Feisthauer

    Bonjour Leïla,
    J’ai testė cette recette de galettes…..Oh que je les referais ! C’est vraiment très très bon !
    Merci pour cette dėlicieuse recette….

  7. Ça a l’air très bon 🙂 On a hâte d’essayer ! Et pour une « vraie » choucroute végétarienne que conseillerez vous pour se passer de la viande ? Merci beaucoup

    1. Le goût fumé de la charcuterie apporte beaucoup à la recette traditionnelle. Et franchement, je ne sais pas si un substitut pourra restituer autant de plaisir à la dégustation. Pour ma part, si je n’ai pas envie d’une choucroute royale je préfère carrément changer de registre et utiliser la choucroute en tant que légume pour profiter pleinement de sa saveur et de ses nutriments.

  8. Ping : Galettes vegan de choucroute, légumes et lentilles – Amappétit !

  9. Valérie FREYD

    Bonjour Leïla, on peut également remplacer les oeufs dans une recette salée par des graines de chia qu’il faut laisser gonfler dans un peu d’eau. Cela peut paraître bizarre mais cela fonctionne parfaitement bien.

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